EP11 S02 : ATSEM et ASEM, des éléments clés de l’école maternelle

Parmi les personnels du premier degré, il y en a un qui est encore plus spécifique puisque partagé entre l’école et la commune : l’agent territorial spécialisé des écoles maternelles. En quoi les ATSEM et les ASEM sont-ils des éléments clés de l’école maternelle ?

[1er degré]

Synthèse de l’épisode. Tous les liens sont trouvables en orange dans chaque section.

La seconde juridique : collectivité territoriale ou Éducation nationale ?

Les textes officiels à prendre en compte :

Portrait des ATSEM et des ASEM, entre un concours et des missions étalées.

ATSEM ou ASEM ? : ATSEM désigne l’agent territorial de l’école maternelle publique recruté par le maire après un concours de catégorie C, ou en étant contractuel, et sur CAP AEPE, anciennement CAP Petite Enfance. En revanche, trois possibilités s’appliquent dès lors qu’il s’agit de l’ASEM :

  • Première appellation des ATSEM avant le changement du cadre d’emploi de 1989 ;
  • Agent spécialisé qui travaille sur Paris, avec concours spécifique à la ville ;
  • Agent de service recruté par l’OGEC et le chef d’établissement ou directeur d’école de l’école maternelle privée, sans obligation de concours ou de CAP AEPE.

Les trois réformes principales :

  • 2013 : réforme des rythmes scolaires avec passage à quatre jours et demi dans le premier degré, et évolution des missions des ATSEM, pour un encadrement des ateliers dans le cadre des temps d’activités périscolaires (TAP), en lien avec l’animateur périscolaire.
  • 2017 : réforme du statut de l’ATSEM via deux décrets parus en mars 2018. Le premier précise les missions et la place de l’ATSEM dans la communauté éducative. Le deuxième introduit à des évolutions de carrière possibles, tels que le passage à agent de maîtrise ou animateur territorial.
  • 2021 : réforme d’alignement du temps de travail des fonctionnaires sur celui des salariés du privé. Les ATSEM passent de 1 537h annuelles à 1 607h annuelles.

Concours et ses modalités : L’externe est accessible aux titulaires de l’ancien CAP Petite Enfance devenu le CAP AEPE, et sur épreuve écrite d’admissibilité et épreuve orale d’admission. L’interne est accessible à tout fonctionnaire ou agent non titulaire ayant déjà effectué deux années de service auprès d’enfants, et sur oral d’admission. Quant au troisième concours, toute personne ayant déjà effectué quatre années de service auprès d’enfants peut s’y inscrire, si elle respecte les autres conditions spécifiques. Les places sont néanmoins limitées. Outre le concours, les contractuels sont également embauchés, avec un CAP AEPE en préférence.

Hiérarchie multiple :

  • Recrutement par la commune, avec le maire comme supérieur hiérarchique ; c’est lui qui met l’ATSEM à la disposition de l’école maternelle ;
  • Dans l’école, ce sont les directeurs d’école et les PE qui ont l’autorité fonctionnelle ;
  • Dans le périscolaire, l’autorité revient au maire.

Un résumé de la journée type :

  • Garderie du matin ;
  • Accueil des enfants ;
  • Activités du matin ;
  • Pause méridienne des enfants ;
  • Activités de l’après-midi ;
  • Garderie du soir ;
  • Entretien des locaux.

Des chiffres sur les effectifs totaux d’ATSEM titulaires, stagiaires et contractuels sont disponibles sur les rapports « Repères et références statistiques 2021 » et « Repères et références statistiques 2022 ».

Référence :

  • Épisode 9 : « Gestionnaire, l’adjoint grippe-sou de la direction ? »

Les réalités des terrains, ou un personnel baladé de pièce en pièce

L’importance de l’ATSEM tient en ses trois axes de missions : dans sa fonction éducative, il effectue un travail sous la responsabilité de l’enseignant mais tourné vers l’assistance à l’enfant et son apprentissage de l’autonomie et de la propreté, de l’hygiène. Le second axe l’amène à porter assistance au PE via l’aide pédagogique : l’ATSEM anime des activités sous forme d’ateliers, et prend part aux siestes et aux sorties scolaires, si la sortie se trouve sur son temps de travail. C’est dans cette fonction ci que le binôme PE – ATSEM prend tout son sens, quand les deux présences agissent en complémentarité. La fonction pédagogique inclut également la surveillance. Le premier degré n’a pas de vie scolaire, ce sont donc tous les personnels des écoles maternelles et élémentaires qui assurent les surveillances des récréations et des pauses méridiennes, sauf cas rare où un assistant d’éducation est recruté dans l’école. Dernière fonction dans l’école, celle d’entretien du matériel et des locaux, et ici c’est très simple puisque ça concerne le rangement du matériel et des locaux, du mobilier.

Le travail dans l’école ne peut pas résumer l’entièreté des missions de l’ATSEM, celui-ci ayant un autre rôle essentiel à jouer dans le périscolaire. En effet, depuis la réforme de 2013, les communes demandent de plus en plus aux ATSEM de prendre en charge les activités après la classe, travail auparavant effectué par les animateurs périscolaires. Actuellement, ATSEM et animateurs périscolaires sont à cheval sur les activités périscolaires, et ce quotidien ne trouve pas que des heureux.

Quelles responsabilités derrière les missions ? :

  • L’ATSEM comme l’une des premières personnes extérieures à la famille à s’occuper de l’enfant, et le lien d’intimité et d’affection créé avec l’enfant – élève ;
  • La transmission de gestes, de valeurs et de connaissances qui débute dès l’école maternelle, avec l’influence de l’adulte sur la scolarité de l’enfant ;
  • La charge mentale d’assurer la sécurité non pas d’un seul enfant, mais de tout un groupe classe qui va jusqu’à plus de trente élèves ;
  • La charge mentale de devoir rendre compte aux familles, aux PE et au directeur d’école ;
  • L’attention requise pour identifier, mettre à jour et alerter sur des situations préoccupantes ou inquiétantes, et la place dans la communauté éducative ;
  • L’attention requise pour venir en aide au PE et créer un binôme d’entraide malgré des réticences parfois rencontrées ;
  • Les conditions de travail dont la pénibilité n’est pas reconnue à sa juste valeur, y compris si la santé de l’ATSEM est en jeu (vivre sur du mobilier de petite taille, brouhaha permanent, etc)

Le statut et la reconnaissance sont-ils perdus ? Toutes les écoles maternelles ne disposent pas d’ATSEM dans chaque classe ; toutes les écoles ne disposent pas d’un ATSEM tout court. En cause, les réformes qui n’ont cessé de détricoter le statut et les missions pour supplanter l’animateur périscolaire dans les communes ! Les concours ne font pas face à la même pénurie de recrutement que pour les enseignants du secondaire ou les professeurs des écoles, toutefois il manque du personnel, parce que le budget de la commune ne permet pas d’embaucher et de tenir la promesse d’un ATSEM par classe.

Le statut au sein même de l’école maternelle fait lui aussi face à des remises en question sur le rôle et les capacités de l’ATSEM à travailler avec le PE et à prendre en charge correctement chaque élève, malgré l’obligation d’avoir un CAP AEPE et le concours dans le cas d’un ATSEM titulaire. Humiliations ou demandes d’en faire plus que ce qui est prévu, binôme PE – ATSEM instable selon les méthodes et exigences ou même double autorité qui entoure le fonctionnaire territorial, l’agent spécialisé a encore du chemin avant d’atteindre la reconnaissance de son statut, et ce ne sont pas le peu de formations proposées par le Centre National de la Fonction Publique Territorial qui y changera grand-chose, ou la possibilité d’évoluer vers l’emploi d’agent de maîtrise ou d’animateur périscolaire. Personnel encore méconnu et assez vite bloqué dans sa carrière, il reste quand même des revendications pour l’ATSEM, telles que de meilleures conditions de travail avec matériel adapté, une augmentation des grilles indiciaires, une diminution du temps de travail, et surtout le passage en catégorie B, comme les autres fonctionnaires de la filière médico-sociale. Ici, c’est une demande qui ne fait pas l’unanimité, de même que l’obligation de passer un concours pour exercer. Catégorie B se rattache à la notion d’encadrement de proximité, quelque chose qui n’a pas lieu d’exister dans cette profession en particulier.

L’hôtesse t’en parle encore et encore, d’un personnel dont on entend si peu parler

À écouter ou à regarder sur le format audio et vidéo ! Une histoire de difficulté à pouvoir échanger avec les agents territoriaux spécialisés parce que je travaille dans le secondaire, et que les ATSEM restent majoritairement mobilisés sur les écoles maternelles. Une histoire de collègues très peu cités, et d’un schéma de pensée qu’on retrouve pas mal dès que les personnels ne sont pas cadres ou en responsabilité à 100% devant une classe. Une histoire de « petites mains » dont on remet perpétuellement en cause les capacités et compétences à travailler avec les élèves, c’est notamment le cas des ATSEM, des AESH et des AED. Enfin, une question : pourrait-on envisager que les ATSEM et les ASEM fassent leur grande apparition dans les écoles élémentaires ?

Le rendez-vous est pris !

Vendredi 01 juillet, en face à face avec au moins vingt-sept labels délivrés par ou en partenariat avec l’Éducation nationale, et la crédibilité d’une telle promotion quand elle se multiplie à chaque occasion… D’ici-là, porte-toi bien et ne baisse pas les bras.

ÉP11 S02 Anchor

L’épisode est disponible ici

Ça coule de sources !

  • Éditions Dunod : « CONCOURS ATSEM/ASEM : externe, interne, 3e voie – tout en un », par Corinne Pelletier
  • Vocation service public : Concours ATSEM 2021 – combien de postes offerts aux concours ?
  • Anchor : podcast « ATSEM » à écouter
  • Éducation.gouv : « Les missions des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) », rapport IGEN-IGA n° 2017-068, juillet 2017
  • 20 Minutes : « Montpellier : « Ce n’est pas notre boulot… » Les Atsem ne veulent pas gérer les temps périscolaires »

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