Hors-Série #3 Pt1 : PRÉSIDENTIELLES – V. Pécresse, E. Macron, A. Hidalgo, J.L. Mélenchon

Interroger l’Éducation nationale pour mieux la comprendre, c’est aussi passer par l’analyse des programmes pour l’éducation que les douze candidats aux élections présidentielles proposent ! Pas d’incitation à voter pour qui que ce soit, pas de jugement ou de remarque sur le candidat ou le Parti ; il s’agit de brosser le portrait d’un système éducatif qui va mal, et qui a besoin de mesures fortes pour guérir, ou à défaut, pour aller mieux, parce que derrière l’Institution c’est toute une communauté éducative qui vit et subit au quotidien.

L’ordre de passage suit le nombre de parrainages obtenus afin d’éviter le favoritisme ou les regroupements de partis. Chacun a ses convictions personnelles, mon analyse ne collera pas forcément à ta vision, et c’est tant mieux ! On ne peut pas avancer et construire du solide quand on a systématiquement le même point de vue.

Synthèse de la partie 1.

Tous les liens sont trouvables en orange à la fin de chaque section.

Des chiffres clés

Le système éducatif en 2021 :

Effectifs

À quoi on ajoute quelques données :

  • 1 000 réseaux d’éducation prioritaire pour 1,7 millions d’élèves scolarisés entre les REP et les REP+ ;
  • 400 000 élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire ;
  • 24h hebdomadaires de cours sur les écoles maternelles et élémentaires, 26h réglementaires au collège plus les heures facultatives et autour de 35h pour les lycées, selon les spécialités et les options ;
  • 132 000 volontaires en Service Civique sur l’année 2020, pour 10 300 organismes agréés par l’Agence du Service Civique ;
  • 3 146 jeunes volontaires partis dans les pays partenaires en 2020 avec le Corps Européen de Solidarité ;
  • Environ 80 000 jeunes sortants du système éducatif sans diplôme ou qualification, en 2020 ;
  • 634 000 jeunes inscrits à Pôle Emploi en fin septembre 2020.

C’est mieux avec les sources ?! :

L’état de la France en chiffres :

  • 55,2 milliards d’euros prévus au budget 2022 de l’Éducation nationale, soit le plus gros budget pour un ministère puisque c’est la moitié du budget total ;
  • 26,6 milliards d’euros prévus au budget 2022 de l’Enseignement supérieur, soit le 4ème plus gros budget sur les 16 ministères en activité ;
  • 154 milliards d’euros de déficit pour l’État prévus en 2022 ;
  • Taux d’endettement 2022 prévu à 113,5% du PIB, contre 115,3% en 2021.

Valérie Pécresse

Cinq volets dans le programme pour l’éducation :

  • « Bâtir une école du respect » en six mesures ;
  • « Fin du collège uniforme pour remettre les savoirs fondamentaux au cœur de l’école » en quatre mesures ;
  • « Un grand vent d’autonomie sur l’école » en quatre mesures ;
  • « Valoriser le métier d’enseignant pour redonner du sens à cette véritable vocation » en cinq mesures ;
  • « Donner une chance à tous les enfants de France » en six mesures.

Fin d’un programme qui a l’air de se focaliser en grande partie sur la méritocratie et le manque de mixité, d’une prise en charge adaptée. Des acteurs de la communauté éducative que l’on oublie, d’autres que l’on souhaite transformer à des fins assez idéologiques, et une logique d’Éducation locale plus que d’Éducation nationale. Devra-t-on aussi changer l’appellation du Ministère pour mieux coller à cette façon d’envisager l’école ?

Emmanuel Macron

Quatre volets dans le programme pour l’éducation :

  • « Les fondamentaux » en une mesure ;
  • « Le bien-être » en quatre mesures ;
  • « L’orientation » en quatre mesures ;
  • « Le chantier de l’école » en six leviers et objectifs.

Programme terminé, il va vraiment falloir revoir l’appellation du ministère actuel. Et pourquoi pas l’appeler Ministère de l’Apprentissage Local de la Jeunesse ? Il n’y a là que des mesures locales qui font entrer les entreprises au plus tôt de la vie de l’élève, ou bien des mesures qui font mine d’enrayer les inégalités, alors qu’elles les enfonceraient forcément dans la réalité. Local, entreprise, méritocratie et une école destinée à ne plus être une école.

Anne Hidalgo

Pas de volets pour le programme, mais huit mesures.

Programme plus modeste, et de fait peut-être plus réalisable, mais aussi plus focalisé sur l’élève et son parcours, avec des mesures qui ne s’arrêtent pas qu’à l’école. Justement, c’est aussi un programme qui en attend trop de l’école et veut élever la connaissance, la curiosité et les loisirs de l’élève sans prendre en compte que chaque nouvelle éducation à ou intervention extérieure nécessite de perdre des heures disciplinaires. Les propositions ne cherchent pas à débloquer le problème, elles contournent et tombent à côté de la plaque, parce qu’elles ne réussissent pas à mettre le doigt sur ce qui ne va pas.

Jean-Luc Mélenchon

Quatre volets dans le programme pour l’éducation :

  • « Assurer l’égalité devant l’école » en sept mesures ;
  • « Revaloriser les personnels de l’Éducation nationale et renforcer les moyens » en neuf mesures ;
  • « Restaurer le cadre national du service public d’éducation » en deux mesures ;
  • « Faire de l’école le levier de la bifurcation écologique et démocratique » en six mesures.

Un programme qui se veut ambitieux et à l’écoute des réalités des terrains, c’est aussi son problème majeur : outre le fait qu’on en demande une fois de plus trop à l’école puisqu’on veut y enlever toujours plus de disciplinaire, en oubliant au passage les partenariats extérieurs et les familles, ce n’est pas un programme que l’on a devant nous. C’est un catalogue de demandes des personnels du milieu scolaire, avec des mesures qui sauraient adoucir une partie des conditions de travail, oui. Pourtant, toutes ces belles idées ne sont ni des propositions, ni des promesses. Ce programme s’avère parfaitement irréalisable à tous points de vue, tant au niveau humain que matériel, et surtout au niveau financier.

On se quitte !

Nous y sommes, les quatre premiers candidats sont passés à la loupe ! Je regrette de ne pas pouvoir y consacrer du temps sur chaque mesure, de ne pas pouvoir creuser avec les articles de presse ou les conférences des candidats eux-mêmes, mais l’essentiel est là : toutes les mesures sont discutées, avec autant d’argumentation et d’objectivité que possible. Quatre nouveaux candidats passeront sous ma loupe demain : Éric Zemmour, Yannick Jadot, Jean Lassalle et Fabien Roussel.

Repose-toi, ne baisse pas les bras et tiens face aux vagues qui arrivent.

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